La région autrefois pauvre des Landes, dans le sud-ouest de la France, était composée de terrains très plats et marécageux et ne possédait même pas de routes dignes de ce nom, ce qui rendait les déplacements quelque peu problématiques. Pour naviguer dans les landes douces et instables, les bergers ont développé une adaptation unique : ils se déplaçaient sur des échasses.
Localement appelées tchangues, ou "grandes jambes", les échasses en bois de cinq pieds étaient attachées aux jambes d'une personne et complétées par un long bâton que le berger utilisait pour diriger son troupeau et comme appui pour se reposer. Perché confortablement au sommet de cette configuration tripode, un berger bénéficiait d'une vue élevée pour surveiller ses moutons et guetter les loups.
Les habitants des Landes étaient formés à la marche sur échasses dès leur plus jeune âge et étaient capables d'une dextérité et d'un équilibre étonnants, courant facilement, sautant et même se baissant pour cueillir des fleurs.
![Jusqu'au début du XXe siècle, les échasses étaient utilisées pour faciliter la vie des gens et les bergers comptaient sur elles pour suivre leurs troupeaux à vol d'oiseau.]()
Jusqu'au début du XXe siècle, les échasses étaient utilisées pour faciliter la vie des gens et les bergers comptaient sur elles pour suivre leurs troupeaux à vol d'oiseau. 1936.
Lorsque l'impératrice Joséphine a visité la région en 1808, une escorte d'échassiers l'a accueillie, leurs longues enjambées leur permettant de suivre le rythme des chevaux attelés à la calèche de Joséphine.
Les bergers sur échasses des Landes ont été décrits dans le Scientific American Supplement, n° 821, le 26 septembre 1891 : "Les bergers des Landes ... acquièrent une liberté et une habileté extraordinaires ... savent très bien comment préserver leur équilibre ; ils marchent avec de grands pas, se tiennent droits, courent avec agilité ou exécutent quelques exploits de véritable acrobatie, comme ramasser un caillou par terre, cueillir une fleur, simuler une chute et se relever rapidement, courir sur un pied, etc."
![Non seulement les habitants pouvaient se déplacer plus facilement, mais les échasses étaient prétendument un moyen de transport extrêmement rapide ; aussi vite qu'un cheval au grand trot.]()
Non seulement les habitants pouvaient se déplacer plus facilement, mais les échasses étaient prétendument un moyen de transport extrêmement rapide ; aussi vite qu'un cheval au grand trot. 1908.
Au XIXe siècle, alors que les marais des Landes se desséchaient et que le besoin des bergers de se déplacer sur des échasses disparaissait, la pratique est devenue étrangement à la mode parmi certains des aristocrates les plus excentriques de la société française. Au début du XXe siècle, des marathons sur échasses étaient organisés à Paris, célébrant la tradition agricole française.